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Nom: | lile des esclaves marivaux |
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Licence: | Usage Personnel Seulement |
Taille: | 68.77 MBytes |
Si je devenais amoureux de vous, cela amuserait davantage. Tout aussitôt la raison crie. Vous verrez comme dans la loge on y jette un regard indifférent et dédaigneux sur des femmes qui sont à côté, et qu'on ne connaît pas. Iphicrate est tout aussi vain, il dissipe son temps et son argent dans la conquête de jeunes beautés. Marivaux reprend à son compte, dans le portrait, la vigueur didactique des exempla que les prédicateurs proposaient aux fidèles pour leur édification ou leur dissuasion. Si cela n'était pas arrivé, nous aurions puni vos vengeances, comme nous avons puni leurs duretés.
Cliquez sur les pour faire apparaître les notes. J'ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà; j'en boirai les deux tiers comme de raison, et puis je vous donnerai le reste. Lie je ne me sauve, je suis perdu; je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes seuls dans l'île des Esclaves. Arlequin, cela ne suffit-il pas pour me plaindre? Monsieur Iphicrate, la drôle drs Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos; marchons de ce côté.
Quand on vogue, vogue, vogue; Quand on vogue avec Catin.
Ainsi, tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse! Dans le pays d'Athènes, j'étais ton esclave; tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort.
Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi; on va te faire esclave à ton tour; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là; tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce qu'il est permis de faire souffrir aux autres. Esclaevs en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi.
Adieu, mon ami; je vais trouver mes camarades et tes maîtres. Il prend l'épée d'Iphicrate et la donne à Arlequin. Prenez cette épée, mon camarade; elle est à vous. Et lui, comment s'appelle-t-il? Arlequin, votre aventure vous afflige, et vous êtes outré contre Iphicrate et contre nous.
Ne vous gênez point, soulagez-vous par lipe le plus vif; traitez-le de misérable, et nous aussi; tout vous est permis à présent; mais ce moment-ci passé, n'oubliez pas que vous êtes Arlequin, que mariavux Iphicrate, et que vous êtes auprès de lui ce qu'il était auprès de vous; ce sont là nos lois, et ma charge dans la république est de les faire observer en ce canton-ci. Cléanthis est donc la fleur glorieusepeut-être pour rendre hommage au rayonnement de sa première interprète, Silvia.
Laissez-moi achever ce que j'avais à dire. A propos, je m'appelle Iphicrate. Je pense donc que vous savez qui nous sommes. Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'il y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, esclafes conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves; la vengeance avait dicté cette loi; vingt ans après la raison l'abolit, et en dicta une plus douce.
Votre esclavage, ou plutôt votre cours d'humanité dure trois ans, au bout desquels on vous renvoie si vos maîtres sont contents de vos progrès; et, si vous ne devenez pas meilleurs, nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs, et, par bonté pour vous, nous vous marions avec une de nos concitoyennes.

Ce sont nos lois à cet égard; mettez à profit leur rigueur salutaire, remerciez le sort qui vous conduit ici; il vous remet en nos mains durs, injustes et superbes. Vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir; vous êtes moins nos esclaves que nos malades, et nous ne prenons que trois ans pour vous rendre sainsc'est-à-dire humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie. Peut-on de la santé peut-on avoir de la santé? Passez maintenant dans une maison qui est à côté, où l'on vous donnera à manger si vous en avez besoin.
Je vous apprends, au reste, que vous avez huit jours à vous réjouir du changement de votre état; après quoi l'on vous donnera, comme à tout le monde, une occupation convenable. Allez, je vous attends ici. Et vous autres, restez. Arlequin, en s'en allant, fait de grandes révérences à Cléanthis. Dans votre pays, Euphrosine, on a bientôt dit des injures à ceux à qui l'on peut en dire impunément. Autrefois il n'y avait rien de si commode; on n'avait affaire qu'à de pauvres gens: Mais à présent, il faut parler raison ; c'est un langage étranger pour Madame; elle l'apprendra avec le temps; il faut se donner patience: Et vous, Cléanthis, ne vous abandonnez point à votre douleur.
Je ne puis changer nos lois ni vous en affranchir: Elle me trompera bien si elle amende. S'il faut que j'excuse toutes ses mauvaises manières à mon égard, il faudra donc qu'elle excuse aussi la rancune que j'en ai contre elle; car je suis femme autant qu'elle, moi: Ne suis-je pas la maîtresse, une fois?
Eh bien, qu'elle commence toujours par excuser ma rancune; et puis, moi, je lui pardonnerai, quand je pourrai, ce qu'elle m'a fait: Faut-il que vous m'exposiez à les entendre! Quand je l'aurai querellée à mon aise une douzaine de fois seulement, elle en sera quitte; mais il me faut cela.
J'espère, Euphrosine, que vous perdrez votre ressentiment, et je vous y exhorte en ami. Venons maintenant à l'examen de son caractère: Nous avons là de bonnes intentions, comme vous voyez. Allons, me voilà prête; interrogez-moi, je suis dans mon fort.
En quoi donc, par exemple, lui trouvez-vous les défauts dont nous parlons? Il y a tant de choses, j'en ai tant vu, tant remarqué de toutes les espèces, que cela se brouille.

Madame se tait, Madame parle; elle regarde, elle est triste, elle est gaie: Cependant, marlvaux vient compagnie, on entre: Non, il y a remède à tout: Mais vous avez la main belle; il la vit, il la prit, il la baisa; cela anima sa déclaration: Un jour qu'elle pouvait m'entendre, et qu'elle croyait que je ne m'en doutais pas, je parlais d'elle, et je dis: J'essayai en pareille occasion de dire que Madame était une femme très raisonnable: En parlant de vapeurs de mignardiseCléanthis dénonce leur affectation.
Elle ne sait pas qu'un jour je mis à son insu des fleurs dans la ruelle Ruelle du lit, ou, simplement, dez ruelle, espace laissé entre le lit et la muraille. J'attendais une vapeur, elle est encore à venir.
Le lendemain, en compagnie, une rose parut, crac, la vapeur arrive. Adieu notre bon ami, je vous ai diverti, j'en suis bien aise.
Une autre fois je vous dirai comme quoi Madame s'abstient souvent de mettre de beaux habits, pour en mettre un négligé qui lui marque tendrement la taille.
L'Ile des esclaves de Marivaux
C'est encore une finesse que cet habit-là; on dirait qu'une femme qui le met ne se soucie pas de paraître, mais à d'autres! Vous verrez comme dans la loge on y jette un regard indifférent et dédaigneux sur des wsclaves qui sont à côté, et qu'on ne connaît pas. Bonjour, notre bon ami, je vais à notre auberge. Il vous reste encore à satisfaire à une formalité. Convenez-vous de tous les sentiments coquets, de toutes les singeries d'amour-propre qu'elle vient de vous attribuer?
Si vous esclavws convenez, cela contribuera à rendre votre condition meilleure; je ne vous en dis pas davantage Si au contraire vous ne convenez pas de esclsves qu'elle a dit, on vous regardera comme incorrigible, et cela reculera votre délivrance.
Déterminez-vous; une liberté très prochaine est le prix de la vérité.
Allons, ne ressemblez-vous pas au portrait qu'on a fait? Hâtez-vous; j'ai autre chose à narivaux. Vous trouvez aussi le portrait un peu risible, n'est-ce pas? Je suis content, ma chère dame. Ne vous impatientez point; montrez un peu de docilité, et le moment espéré arrivera.
Marivaux, L’Île des esclaves
J'en ai bu bravement ma pinte ; car je suis si altéré depuis que je suis maître, que tantôt j'aurai encore soif pour pinte. Que le ciel conserve la vigne, le vigneron, la vendange et les caves de notre admirable république! Il soupire parfois, et je lui ai défendu cela sous peine de désobéissance, et je lui ordonne de la joie. Il prend son maître par la main et danse. Tala rara la la Je suis charmé de vous voir satisfait d'Arlequin.
Vous n'aviez pas beaucoup à vous plaindre de lui dans son pays, apparemment? Je lui voulais souvent un mal de diable; car il était quelquefois insupportable; mais à cette heure que je suis heureux, tout est payé; je lui ai donné quittance.
C'est-à-dire que vous jouirez modestement de votre bonne fortune, et que vous ne lui ferez point de peine? Peut-être que je serai un petit brin insolent, à cause que je suis le maître: Comment se gouvernait-il là-bas?
Que vas-tu lui dire? Étourdi par nature, étourdi par singerie, parce que les femmes les aiment comme cela; un dissipe-tout; vilain avare, qui vit mesquinement. Est-ce la peine d'en tirer le portrait? Non, je n'en ferai rien, mon ami, ne crains rien. Vous n'avez plus maintenant qu'à certifier pour véritable ce qu'il vient de dire. Croyez-moi, il y va du plus grand bien que vous puissiez souhaiter.
Si cela est, il y a là quelque chose qui pourrait assez me convenir d'une certaine façon. Arlequin rit de toute sa force.
Adieu, vous saurez bientôt de mes nouvelles. Si vous voulez voir une coquette de son propre aveu, regardez ma suivante. Mais parlons d'autres choses, ma belle demoiselle; qu'est-ce que nous ferons à cette heure que nous sommes gaillards? Si je devenais amoureux de vous, cela amuserait davantage.
Arlequin, vite des sièges pour moi, et des fauteuils lie Madame.
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